Nouvelles routes commerciales : Artères du commerce mondial et leviers de pouvoir
Découvrez comment les nouvelles routes commerciales — terrestres, maritimes et aériennes — deviennent des leviers géopolitiques majeurs, redéfinissant les échanges mondiaux.
STRATÉGIE
Rédaction Atlas Original
9/15/202512 min read
À travers le monde, des corridors terrestres aux routes maritimes, en passant par les nouvelles voies aériennes, les nations et grandes puissances internationales redéfinissent le paysage des échanges commerciaux. Ces projets d’infrastructures ne sont pas seulement des réponses aux nécessités logistiques du commerce mondial ; ils incarnent également des instruments stratégiques de la géopolitique. En créant et en modernisant ces réseaux, les pays renforcent leurs alliances et étendent leur influence, configurant ainsi la dynamique du pouvoir global pour les décennies à venir.

Les nouvelles routes commerciales se profilent sous un format de coopérations nouvelles entre les nations dont l’interdépendance permet à chaque pays traversé de compter comme un maillon fort de la chaîne. Il est ici question d’un nouveau format de groupement linéaire choisi dans le cadre d’un projet d’adhésion à une vision de développement commun.
Les nouveaux projets de routes commerciales devraient être considérés comme des biens publics régionaux ou mondiaux.
Les routes commerciales sont le théâtre d’un autre genre de diplomatie du soft power qui promeut la paix par la construction de projets de développement commun.
L'INITIATIVE MAROCAINE POUR LE SAHEL.


Il est évident que le Maroc porte une vision moderne et prospective de son développement qu’il a définitivement arrimé à celui du continent africain.
Depuis des millénaires, les routes commerciales ont joué un rôle central dans l’histoire de l’humanité. Des caravanes empruntant les légendaires routes de la soie, du sel ou de l’or, jusqu’aux navires reliant l’Europe aux Amériques, ces axes de transport ont façonné les civilisations et transformé l’économie mondiale. Les grandes routes commerciales ont, non seulement permis les échanges de biens, mais aussi celui des idées, des cultures et des technologies. Sans ces routes, l’émergence des grandes civilisations et la mondialisation n’auraient jamais été possibles.
La première route commerciale 100% dédiée à l’intégration économique africaine


L'INITIATIVE ATLANTIQUE POUR LE SAHEL, UNE CONTRIBUTION MAJEURE DU ROYAUME AUX CORRIDORS DES ROUTES COMMERCIALES DU NOUVEAU MILLÉNAIRE
Lancée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’Assiste, lors de son discours du 6 novembre 2023, l’Initiative Atlantique pour le Sahel vise à offrir aux pays sahéliens enclavés un accès stratégique à l’Océan Atlantique. Elle s’inscrit dans la vision de coopération africaine du Royaume, promouvant le développement économique, la stabilité régionale et l’intégration continentale.
Fondée originellement sur la mise à disposition des infrastructures portuaires, routières et ferroviaires du Maroc au profit des pays enclavés du Sahel, l’initiative a pour objectif ultime d’offrir un corridor de connectivité et de prospérité traversant le Tchad, le Niger, le Burkina Faso, le Mali et la Mauritanie pour arriver au sud du Maroc avec, pour point de chute, la plateforme du Port Atlantique de Dakhla.
« (…) Pour résoudre les difficultés et les problèmes auxquels se trouvent confrontés les États frères du Sahel, la solution ne peut être exclusivement sécuritaire ou militaire, mais elle doit se fonder sur une approche de coopération et de développement commun.
Ainsi, pour favoriser l’accès des États du Sahel à l’Océan Atlantique, Nous proposons le lancement d’une initiative à l’échelle internationale. (…) »


Extrait du Discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI adressé à la Nation à l'occasion du 48e Anniversaire de la Marche Verte. Rabat, 6 novembre 2023


Le Sud du Maroc se positionne comme un acteur clé grâce à ses infrastructures portuaires stratégiques, notamment la plateforme maritime de Dakhla Atlantique, ainsi que les deux ports relais de Tan-Tan et Sidi Ifni, voire Agadir. Connectés à des zones industrielles innovantes dominées par la production d’hydrogène vert et d’ammoniac, ces ports s’apprêtent à jouer un rôle central dans la création d’une économie inclusive et dynamique, en lien direct avec les pays du Sahel regroupés autour de cette initiative stratégique.
Les ports stratégiques du Sud du Maroc au cœur d’une nouvelle dynamique pour l’Afrique


Avec le lancement de l’offre marocaine de production d’hydrogène vert en mars 2024, les zones industrielles dédiées à cette nouvelle stratégie deviendront des pôles d’excellence pour les énergies renouvelables. Connectées directement aux infrastructures portuaires stratégiques du Maroc, notamment le port de Dakhla Atlantique, ces zones renforceront l’attractivité et la durabilité de la région. Elles joueront un rôle essentiel en attirant des investissements étrangers et en développant un haut potentiel d’exportation d’énergie verte vers l’Europe.
Une plateforme pour l’hydrogène vert, en réseau avec les ports des provinces du Sud


Le Maroc se dote de réseaux terrestres, ferroviaires, aériens et maritimes pour offrir une connectivité complète et ambitieuse qui couvre l’ensemble du territoire national. En plus de répondre aux besoins de croissance du Royaume, cette infrastructure intégrée vise à désenclaver les pays du Sahel. Elle porte le projet de stimuler les échanges économiques, favoriser l’intégration des économies africaines, et transformer le Maroc en un carrefour régional incontournable pour la coopération Sud-Sud.
Un réseau multimodal au service de l’intégration sahélienne


Plan Rail Maroc 2040 Schéma directeur de développement du réseau ferré national




La Royal Air Maroc à l'horizon 2037
Devenir une compagnie aérienne mondiale majeure




Le Corridor de l’Initiative Atlantique pour le Sahel est conçu pour traverser cinq pays sahéliens stratégiques : le Tchad, le Niger, le Burkina Faso, le Mali et la Mauritanie, avant d’aboutir à la façade atlantique du Maroc au niveau de Dakhla. Ce projet ambitieux implique la mise en place d’un réseau de transport multimodal comprenant des routes modernes, des liaisons ferroviaires et des infrastructures aériennes, destinées à faciliter la circulation des biens et des personnes le long du corridor.
Un corridor transafricain pour relier le Sahel à l’Atlantique


Ce corridor servira de levier pour créer des zones industrielles à fort potentiel, favorisant des secteurs clés tels que l’agriculture, l’extraction minière et la production d’énergies renouvelables. Parallèlement, il stimulera le développement d’une ceinture de prospérité, où les populations des cinq pays pourront bénéficier d’une économie en expansion, favorisant la croissance des zones urbaines et rurales.
Des zones industrielles pour stimuler la prospérité
Ce corridor servira de levier pour créer des zones industrielles à fort potentiel, favorisant des secteurs clés tels que l’agriculture, l’extraction minière et la production d’énergies renouvelables. Parallèlement, il stimulera le développement d’une ceinture de prospérité, où les populations des cinq pays pourront bénéficier d’une économie en expansion, favorisant la croissance des zones urbaines et rurales.
Des zones industrielles pour stimuler la prospérité


L’Initiative Atlantique pour le Sahel, un cadre stratégique pour des investissements d’envergure


L’initiative Atlantique repose sur une gouvernance structurée visant à renforcer l’intégration économique et régionale à travers une coopération interétatique bien définie. Le Maroc, fort de son positionnement géostratégique et de son expertise en matière de développement, assure un rôle central dans la coordination et la mise en œuvre de ce projet. La gouvernance s’appuie sur une planification à long terme et une approche concertée avec les pays sahéliens, mettant en avant une gestion partagée des infrastructures, des ressources et des politiques de développement. Cette initiative se distingue par une approche inclusive, combinant diplomatie économique et partenariats stratégiques pour assurer une mise en œuvre harmonieuse. Le modèle de gouvernance adopté repose sur une logique de co-développement, où le Maroc partage ses installations et son savoir-faire avec les pays partenaires afin de garantir une intégration régionale efficace et durable.
Une gouvernance interétatique et d’intégration




« Le financement de l’initiative repose sur une approche en plusieurs phases, combinant investissements publics et mobilisation de fonds internationaux. Concernant le projet structurant du gazoduc Maroc-Nigéria, les étapes essentielles du financement ont déjà été franchies, notamment avec les études de faisabilité et d’ingénierie détaillée. Ces avancées permettent de garantir la rentabilité et la compétitivité du projet, notamment en matière d’investissement en capital (CAPEX) et de coûts de transport du gaz. Les études d’impact environnemental sont également en cours, car elles sont indispensables pour répondre aux exigences des institutions financières et structurer les mécanismes de financement nécessaires.
La mise en place de ce projet repose sur une coopération financière impliquant des institutions régionales et internationales, avec un recours prévu à des conseils financiers et juridiques pour finaliser les montages nécessaires. Le projet bénéficie du soutien de la CEDEAO et de la Mauritanie, qui participent activement à l’élaboration des accords intergouvernementaux. L’objectif est d’assurer un financement progressif par tronçons, avec un premier segment reliant le Nigéria au Ghana, puis un second tronçon entre la Mauritanie et le Maroc, avant d’achever la connexion avec le gazoduc Maghreb-Europe pour permettre l’exportation du gaz vers l’Europe. Cette structuration financière vise à garantir la viabilité économique du projet tout en maximisant son impact sur le développement régional. »
Une approche progressive de financement


Les corridors de commerce et d’énergie portés par le Royaume du Maroc
L’Initiative Royale marocaine pour le Sahel marque une avancée majeure en matière d’intégration régionale et de développement économique. Elle s’inscrit dans une vision stratégique qui considère les routes commerciales comme un levier incontournable pour un développement intégré et un destin commun des communautés sahéliennes. En reliant les pays enclavés du Sahel à l’Atlantique, cette initiative répond aux défis du désenclavement et de la facilitation des échanges, éléments essentiels pour la prospérité régionale.
À travers des projets d’infrastructure ambitieux, le Maroc renforce la connectivité entre ces nations et les marchés internationaux, stimulant ainsi la croissance et la résilience économique des pays concernés. Grâce à des investissements colossaux dans les domaines du transport, de l’énergie et de l’industrie, cette initiative ouvre de nouvelles perspectives de croissance et d’emploi pour les économies sahéliennes.








L’initiative chinoise de la Belt and Road
Lancée en 2013 par le gouvernement chinois, l’Initiative « Belt and Road » (BRI) s’inspire des anciennes routes commerciales de la soie pour établir un réseau de développement économique et d’infrastructure à travers l’Eurasie. Depuis, la BRI occupe le centre de la politique économique chinoise. Elle concerne plus de 150 pays regroupant 4,8 milliards d’habitants et représentant près de 40% du produit intérieur brut (PIB) de la planète.
La BRI reliera la Chine à l’Europe en intégrant les espaces d’Asie centrale par un vaste réseau de corridors routiers et ferroviaires. Surnommé le « projet du siècle » par Xi Jinping, ce programme vise à créer une nouvelle génération de comptoirs transnationaux. Dans son versant maritime, ce réseau de routes commerciales inclut les espaces africains riverains de l’Océan Indien.


À travers la BRI, la Chine ambitionne, entre autres, d’accroître ses exportations, d’écouler sa production et de trouver de nouveaux marchés pour ses entreprises de bâtiments et de travaux publics. La Chine est en effet en surcapacité industrielle face à l’Asie centrale qui représente un marché en pleine expansion. L’Asie centrale permettra aussi à la Chine de sécuriser son approvisionnement en énergie en élargissant ses sources, notamment vers le Sri Lanka, le Bangladesh ou la Birmanie.
Bénéfices pour la Chine










LE CORRIDOR INTEROCÉANIQUE DE L’ISTHME DE TEHUANTEPEC : 315 KM DE VOIE FERRÉE POUR RELIER LE GOLFE DU MEXIQUE À L’OCÉAN PACIFIQUE
Relancée en 2018, une autre route commerciale est en passe de transformer l’avenir économique du Mexique en proposant une alternative au Canal du Panama à travers un corridor de voie ferrée de 315 km reliant l’Atlantique au Pacifique. Ce Corridor Multimodal Interocéanique permettra aux marchandises de passer d’un océan à l’autre en traversant l’Isthme.


LA ROUTE MARITIME DU NORD : L’AVENIR DE LA STRATÉGIE COMMERCIALE RUSSE
La Route Maritime du Nord (RMN), s’étendant le long des côtes nord de la Sibérie, représente une artère vitale dans la stratégie économique et géopolitique de la Russie. Ce corridor navigable, traversant des eaux arctiques, est rapidement devenu une alternative commerciale incontournable, offrant un chemin plus court entre l’Europe et l’Asie. Avec environ 5600 kilomètres de voies maritimes, la RMN promet de révolutionner le transport maritime en réduisant significativement les durées de transit, comparativement aux routes traditionnelles par le Canal de Suez ou le Cap de Bonne-Espérance.
La Russie, exploitant activement les changements climatiques qui réduisent la banquise, a investi massivement dans l’amélioration des infrastructures portuaires et les technologies de brise-glaces, consolidant ainsi sa souveraineté sur cette route stratégique. En plus de ses avantages logistiques, la RMN ouvre un accès privilégié aux ressources énergétiques et minérales abondantes de l’Arctique, positionnant la Russie comme un pivot central dans le commerce global et renforçant son influence sur les nouvelles dynamiques du commerce international.


Le Souss Massa se dote d’une route commerciale marine reliant Agadir à Dakar


En parfaite adéquation avec la Volonté Royale de faire de la vocation atlantique du Maroc un levier pour accélérer l’intégration africaine, la Région Souss Massa s’illustre par le projet de mise en service de la première ligne maritime commerciale reliant le port d’Agadir à celui de Dakar. Cette initiative concrète ouvre de nouvelles perspectives pour les industries exportatrices et la production agricole régionale, leur offrant un accès stratégique à un marché en pleine croissance.
Un levier d’intégration économique entre le Maroc et les pays du Sahel
La ligne Agadir-Dakar incarne des ambitions majeures en matière de création de nouvelles opportunités de développement économique entre le Maroc et les pays du Sahel. Ces derniers, riches en ressources naturelles, cherchent activement à diversifier leurs débouchés économiques pour une meilleure valorisation industrielle de leurs matières premières. Ce corridor maritime ne se limite pas aux échanges commerciaux, mais vise également à renforcer les synergies industrielles, encourager les investissements bilatéraux et soutenir la transformation des produits locaux, permettant ainsi aux acteurs économiques des deux régions de tirer parti de chaînes de valeur intégrées et compétitives sur le marché mondial.
Un corridor économique pour stimuler la valorisation industrielle des ressources des pays du Sahel








